Cédéao : « L’agriculture ouest-africaine a besoin d’un financement adapté » (Alain Sy Traoré)
Diamniadio (Sénégal), septembre 2025 – En marge du Forum africain sur les systèmes alimentaires (AFSF), Alain Sy Traoré, directeur de l’Agriculture et du Développement rural à la Commission de la Cédéao, a détaillé les priorités régionales en matière de financement agricole. Il plaide pour des mécanismes innovants afin de soutenir les jeunes entrepreneurs et renforcer l’intégration économique dans l’espace ouest-africain.
Selon lui, ce forum constitue une opportunité stratégique pour mobiliser de nouvelles ressources : « Notre prélèvement communautaire reste limité face aux ambitions du secteur. Nous venons ici renforcer les partenariats et partager nos expériences dans le cadre de l’ECOWAP, la politique agricole régionale », a-t-il expliqué.
Soutenir la jeunesse agricole
La Cédéao affirme placer les jeunes au cœur de sa stratégie. Trois instruments principaux sont mobilisés : la Banque d’investissement et de développement (BIDC) qui propose des crédits à long terme, le Fonds régional pour l’agriculture et l’alimentation qui finance divers projets, et un programme de formation de 3 000 à 3 500 jeunes chaque année aux métiers de l’agribusiness. « La connaissance est le premier capital pour entreprendre », insiste Alain Sy Traoré.
Intégration économique et harmonisation
La Commission met en avant l’importance de l’harmonisation des politiques agricoles pour créer un environnement favorable aux investissements. Des règlements communs sur les semences ou l’homologation des pesticides facilitent la libre circulation des produits. Ainsi, un entrepreneur sénégalais peut désormais écouler son miel ou son jus de mangue sur l’ensemble du marché ouest-africain.
Des financements encore contraints
La Cédéao coopère avec la BIDC, la BAD et des banques locales, mais se heurte à la logique commerciale des banques privées. « L’absence de monnaie commune limite aussi nos marges de manœuvre, contrairement à des pays comme le Nigeria, où la Banque centrale impose des taux préférentiels aux filières agricoles », regrette-t-il.
Impact sur l’emploi des jeunes
Plus de 20 programmes régionaux sont en cours, dont le Programme de résilience des systèmes alimentaires (1,35 milliard de dollars), qui vise 5 millions de producteurs dans huit pays, avec une extension prévue à toute la région. Certaines initiatives offrent jusqu’à 400 000 dollars de subventions aux porteurs de projets dans les filières lait, viande ou transformation.
Vers l’éco en 2027
Enfin, l’intégration monétaire demeure un enjeu central. « Une monnaie unique réduirait les coûts et fluidifierait les échanges. Si nous avions l’éco, nos entrepreneurs vendraient plus facilement au Ghana ou au Nigeria. C’est un chantier prioritaire, avec une échéance fixée à 2027 », a rappelé Alain Sy Traoré.
Et de conclure : « Nous avons les idées, les jeunes ont l’énergie. Il nous faut désormais des financements adaptés pour transformer notre potentiel en prospérité partagée. »